Analyse n°409 de Stéphanie Ghuysen - mai 2020
Faites le test ! Entrez "intégration des étrangers" dans votre navigateur web. "Efforts", "condition", "parcours", voici les premiers mots qui apparaîtront dans vos résultats de recherche. Le décor est planté. Derrière le concept d’intégration se trouverait-il, en première ligne, un dispositif restrictif sous forme d’étapes requérant un effort à sens unique ? L’interprétation est lancée. L’analyse peut commencer.
Cette publication traite du concept d’intégration et de sa stratégie d’opérationnalisation en Wallonie mise en place depuis 2014. Nous développons notre analyse en trois parties.
Dans une première partie, nous portons notre regard sur les notions théoriques de l’intégration, terme polysémique et populaire. Par son inscription dans de multiples domaines et par la profusion de ses définitions, il nous a paru intéressant de questionner sa signification première dans le contexte que nous étudions. Pour ce faire, nous allons nous plonger dans la sociologie, analyser les définitions choisies par l’Union européenne ainsi que la Région wallonne et découvrir celles proposées par des personnes étrangères ou d’origine étrangère.
Dans une seconde partie, nous décryptons le parcours d’intégration wallon à partir d’une partie du rapport d’évaluation de l’IWEPS 1 (mai 2019). Ce dispositif bâti sur quatre axes (le module d’accueil, le français langue étrangère (FLE), les formations à la citoyenneté, l’insertion socio-professionnelle (ISP)) répond aux directives de la politique d’intégration relative aux étrangers et citoyens d’origine étrangère en Wallonie. À la lumière des conclusions des chercheurs de l’IWEPS, ce parcours ne permettrait pas de remplir pleinement l’objectif décrétal. Moins institutionnalisées et moins connues, d’autres actions citoyennes semblent, en revanche, pouvoir aider à atteindre les finalités visées dans le décret. Au sein du rapport, différentes hypothèses alternatives sont recommandées, notamment celle du capital culturel et social à laquelle nous choisissons de nous intéresser.
La troisième partie de cette analyse présente l’analyse de l’entretien réalisé avec l’ASBL Interra dont les activités répondent, à priori, à ce type d’actions. Interra nous offre sa lecture de l’intégration via les ateliers qu’elle met en place ; une lecture qui amènerait probablement Internet à redéfinir ses mots-clés relatifs à l’intégration et à opter davantage pour "compétences", "rencontre", "autonomie", "vivre ensemble".
Enfin, dans la dernière partie, nous concluons en confrontant les données théoriques aux pratiques de l’ASBL Interra.
Lire l'interview de Julie, Responsable de l’ASBL Interra
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1 Institut Wallon de l’Évaluation, de la Prospective et de la Statistique.
Stéphanie Ghuysen est animatrice au sein du Pôle Formations chez Citoyenneté & Participation. Elle est titulaire d’un master en sciences de la population et du développement, orientation coopération Nord-Sud.