Analyse n°282 de Evelyne Lotte - décembre 2016
Cette analyse a pour ambition de présenter et soutenir une nouvelle profession en phase de constituer un élément clé parmi les différentes pistes expérimentées pour trouver des solutions à la crise du logement.
Aujourd’hui, la crise du logement est un fait unanimement reconnu par l’ensemble de la société civile. Les raisons de cette crise qui s’est enlisée au fil des années, voire des décennies, sont multiples :
Selon l’article 23 de la Constitution belge, "chacun a le droit de mener une vie conforme à la dignité humaine" 1. À cette fin, le constituant a prévu une série de droits économiques et sociaux parmi lesquels on retrouve "le droit à un logement décent".
Les pouvoirs publics, notamment en raison des politiques d’austérité actuellement appliquées, s’avèrent cependant incapables de répondre, seuls, à l’ensemble de ces besoins. Aussi, des solutions innovantes doivent être mises en place et il appartient à la société civile d’apporter sa pierre pour lutter contre le déficit de logements publics. La grande majorité des bâtiments susceptibles d’être mis en location appartiennent en effet à des propriétaires privés. Ces citoyens sont libres de disposer de leur épargne comme ils le souhaitent. À ce jour, le placement dans l’immobilier reste l’une des épargnes les plus sûres à long terme, notamment en raison de la plus value et de l’inflation immobilière. Le droit à la propriété étant un droit fondamental, dans un pays où les citoyens sont réputés comme étant nés avec une brique dans le ventre, un potentiel énorme est exploitable. Cependant, les freins à la mise en location restent importants et ce potentiel reste donc largement sous exploité.
Nous nous trouvons donc ici face à un hiatus : l’opposition de deux droits fondamentaux : celui du droit au logement contre celui de la propriété et de disposer librement de son bien.
C’est dans ce contexte particulièrement complexe et humainement difficile, où il semblait presque impossible pour une personne précarisée de décrocher un logement, que le Relais social de Charleroi a eu l’idée d’engager une personne dont la mission principale était de capter du logement en amenant des propriétaires à mettre leurs biens en location auprès de publics précarisés.
L’objet de cette analyse est de faire le point sur les tenants et les aboutissants de la fonction de capteur de logements. Qu’est-ce que c’est ? D’où ça vient ? Pourquoi et avec qui ? Est-ce efficace ? Quels sont les résultats ? Quels sont les freins et difficultés ? Quelles sont ses perspectives de développement ? Bien que de création récente, la fonction a, de fait, déjà fortement évolué et se redéfinit au quotidien dans des réalités locales et partenariales très différentes. Enfin, en guise de conclusion, nous tenterons de voir dans quelle mesure les pouvoirs publics peuvent soutenir et promouvoir le développement des capteurs de logements.
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1 Constitution belge : titre II des Belges et de leurs droits, art. 23 § 3.
Assistante sociale de formation, titulaire d’un master en politique économique et sociale, à finalité spécialisée en Analyse et évaluation des politiques, Evelyne Lotte est responsable de la thématique Lieux de vie et Espace public du CPCP.