Analyse n°268 de Dimitri Greimers - septembre 2016
"C’est un compromis à la belge".
Cette formule proverbiale est bien souvent utilisée de manière presque abusive. Elle résume en réalité le fonctionnement de la prise de décision en Belgique.
Les décideurs politiques ont mis en place des règles du jeu permettant de trouver des terrains d’entente. Car la Belgique est un pays historiquement divisé dans lequel il faut mettre beaucoup d’énergie pour éviter son éclatement.
Mais en suivant l’actualité politique belge, un constat peut facilement être tiré : les mécanismes mis en place pour forcer le compromis ne semblent plus aujourd’hui être toujours suffisants. Aboutir à un consensus entre niveaux de pouvoir (inter-fédéral) paraît de plus en plus compliqué. Les indices du grippage de la machine à consensus sont nombreux : utilisation de la majorité numérique, constitution d’un gouvernement peu représentatif des francophones, conflits récurrents entre les entités fédérées et l’autorité fédérale, notamment via le comité de concertation.1 Bref, tout cela laisse une impression d’un système affaibli dans son fonctionnement. Serait-ce la fin de la démocratie du compromis à la belge ?
Cette étude décortique les recettes utilisées pour créer ces fameux compromis à la belge. Nous le verrons par la suite, les mécanismes qui forcent l’accord sont de plus en plus souvent mis en échec…
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1 Sur le réseau social Twitter, la journaliste Véronique Lamquin résume les récents affrontements qui suivirent le comité de concertation consacré notamment à la question de l’avenir des tunnels bruxellois avec la formule suivante : « Le comité de concertation pour les nuls: une vingtaine de ministres se réunissent sans rien décider. Puis ils s’engueulent via les médias », 27 janvier 2016. Tweet cité par « Polémique après le comité de concertation sur les tunnels : Chastel tacle Vervoort », LeSoir.be, 27 janvier 2016, [en ligne] http://www.lesoir.be/1105212/article/actualite/belgique/politique/2016-01-27/polemique-apres-comiteconcertation-sur-tunnels-chastel-tacle-vervoort, consulté le 15 septembre 2016.
Dimitri Greimers est titulaire d’un master en sciences politiques à orientation Affaires publiques.