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Mères porteuses

Analyse n°221 de Eve Peeters - décembre 2014


Tantôt décrite comme une pratique altruiste, tantôt comme un procédé de commercialisation du corps de la femme, la gestation pour autrui (GPA), mieux connue sous l’appellation de recours aux mères porteuses, est au coeur d’un vaste débat. Alors qu’en France les "anti GPA" de la Manif pour tous défilaient cet été dans les rues de Paris pour réclamer haut et fort "l’abolition universelle de la GPA !", nous avons voulu nous pencher sur cette pratique en Belgique. Tolérée mais pourtant dépourvue de cadre légal, la GPA existe bel et bien chez nous.

Pour les couples dans l’incapacité de porter leur enfant, la gestation pour autrui offre une alternative à l’adoption. Cette démarche, contrairement à l’adoption, présente la possibilité d’avoir un enfant ayant un lien génétique avec le couple désireux de devenir parents.

Les histoires controversées relayées dans l’actualité médiatique mettent en lumière certaines failles de cette pratique. Récemment on pouvait lire l’histoire d’une jeune thaïlandaise endettée ayant porté, contre rémunération, le bébé d’un couple australien. Après avoir mis au monde un enfant atteint de trisomie, les parents commanditaires ont finalement refusé l’enfant en le laissant à la mère porteuse. Au-delà de ce fait divers, ces cas litigieux mettent le doigt sur des questions de société car ils cristallisent des enjeux éthiques, médicaux, sociétaux et juridiques.

Premièrement, s’agit-il d’une marchandisation du corps de la femme voire de l’exploitation des femmes pauvres ? Deuxièmement, quels sont les risques médicaux et psychologiques qui en découlent ? Quelles seront les répercussions sur l’enfant et la mère ? Troisièmement, c’est la notion de parentalité qui est profondément remise en question. Comment déterminer qui est le "père", qui est la "mère" ? La parentalité est-elle déterminée par une filiation sociale (la mère qui socialement se comporte comme parent) ou par une filiation génétique (la mère qui porte l’enfant) ? Enfin, nous aborderons la situation juridique contrastée à l’étranger qui illustre des visions diamétralement opposées sur des notions essentielles telles que la parentalité, la famille, la filiation. Des situations qui pourront éclairer la non-prise de position actuelle en Belgique. En effet, malgré plusieurs propositions de loi déposées au Parlement, aucun débat législatif n’est actuellement à l’ordre du jour alors que chaque année des enfants naissent au moyen de la GPA.

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