Étude n°15 de Naomi Berger - novembre 2014
La prison occupe une place importante dans l’espace médiatique. Que ce soit en rapport avec le manque de places disponibles et de moyens alloués à la Justice, l’insalubrité des bâtiments, les grèves des gardiens, ou encore la construction de nouvelles prisons et l’instauration de nouvelles mesures de sécurité. Médiatisée mais peu interrogée, la prison, à la fois présente mais distante, indéboulonnable mais gênante, fait partie des choses nécessaires auxquelles on préfère ne pas penser. Malheureusement, il faut se rendre à l’évidence : ce n’est pas en occultant une réalité qu’elle disparaît. Bien au contraire !
Pourquoi la prison ? Pour punir. Punir pour sanctionner une infraction, un comportement qui a enfreint les règles. Tout ceci coule de source. Pourtant la définition de ce qui est délictueux est loin d’être innée. Qui fixe les limites ? Quel sens donner à la sanction ? Ce sont des décisions importantes auxquelles sont confrontées toutes les sociétés. Le système pénal comme la prison renvoie donc à des choix. Ce ne sont pas des réalités immuables. Or les établissements pénitentiaires se dressent impassibles depuis le 19ème siècle. Victime de son succès, l’incarcération s’est finalement imposée comme la peine par excellence. A tel point que sa raison d’être n’est que trop rarement interrogée.
Pourtant la prison fait des dégâts. On ne sort pas indemne d’un séjour derrière les barreaux. Cette réalité a poussé à vouloir adoucir la prison. On lui a ainsi prêté des vertus moralisatrices, rédemptrices. Tel l’effet d’un traitement, la mise à l’ombre rendrait un homme meilleur par la prise de conscience du mal que son acte a causé. En théorie du moins. Car il est difficile de faire oublier les côtés sombres de l’univers carcéral. Conscient des travers de ce dernier, des alternatives et des améliorations ont petit à petit été proposées. Peines de prisons utiles et en dernier recours, peines de travail et possibilités de médiations des conflits : des pistes existent bel et bien. Toutefois, derrière ces volontés de penser la sanction différemment, il semblerait que la mission première de la prison reste d’écarter les populations jugées menaçantes.
Il est plus que temps de s’interroger sur la place qu’occupe la prison dans notre société et sur les populations qu’on y envoie. Et de se poser les bonnes questions. Quel rôle entend-on lui faire jouer ? Atteint-elle ses objectifs ? À vous d’en juger, messieurs et mesdames les jurés.
Lire la suite de la publication
Politologue réorientée dans le domaine de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire, Naomi Berger s’attèle à décortiquer les questions urbaines avec un intérêt marqué pour sa ville d’origine : Bruxelles