Analyse n°121 de Bernadette Matton - octobre 2011
Comment être père à l’heure de l’interdiction de la fessée, de l’insistance sur l’éducation discutée et de l’épanouissement à tout prix de l’enfant ? Si beaucoup de couples et de pères ont évolué aujourd’hui dans les milieux plus aisés, le défi semble nettement plus problématique à relever dans les milieux plus "traditionnels".
À l’heure où les modèles d’autorité sont mis à mal et se transforment, les parents doivent souvent réinventer de nouvelles formes de fonctionnement, tâche peu aisée, surtout pour les pères. Selon un grand nombre de chercheurs, les pères d’aujourd’hui développent de plus en plus une nouvelle forme d’autorité basée davantage sur la concertation1. Selon eux, cette évolution vers un modèle d’autorité parentale plus négociée serait d’ailleurs la seule à l’œuvre actuellement. Cette position ne fait pourtant pas l’unanimité. D’autres chercheurs en effet, s’ils ne contestent pas la pertinence de cette thèse dans certains cas, soulignent que cette position repose sur des enquêtes menées essentiellement en milieux dits aisés ou du moins culturellement favorisés 2.
Devant ce constat, il semble donc intéressant d’interroger la réalité vécue par les hommes en milieu précaire. Les injonctions sociétales contemporaines les invitent à évoluer vers un autre type de parentalité mais un progrès dans ce sens ne va pas de soi. En effet, l’extension du chômage a bouleversé leur identité traditionnelle d’homme et de père, ce qui a eu des conséquences sur le rôle joué par les femmes et sur l’éducation des enfants.
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1 D. d’Ursel, La médiation entre tradition et modernité familiales. Le défi de la médiation pour tous, par une prise en compte des modèles familiaux, des valeurs et des cultures, UCL/Presses universitaires de Louvain, 2010, p. 35.
2 D. d’Ursel, op.cit., p. 42.