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Le court-métrage comme outil de cohésion sociale

Analyse n°101 de Citoyenneté & Participation - octobre 2010


De nos jours, la prégnance ou le taux de pénétration des médias1 en fait un outil incontournable dans le processus de construction de l’opinion publique. Ils orientent ainsi le comportement social des individus à tel enseigne que, pour le président Thomas Jefferson, père de la déclaration de l’indépendance des États-Unis et 3e locataire de la Maison Blanche, s’il avait à opérer un choix entre une presse sans gouvernement ou un gouvernement sans presse, il opterait pour le premier, sans la moindre hésitation. En clair, les médias sont un puissant vecteur de changement social. Ils constituent désormais une ressource stratégique. Et, de ce fait, aucune action sociale, économique, culturelle, politique ou citoyenne majeure, à même de susciter l’adhésion du public, ne peut aboutir sans s’en servir.

Qui plus est, les médias apparaissent paradoxalement comme une arme redoutable dont l’impact sociétal peut s’avérer, à la fois, positif et négatif. S’ils sont vecteurs d’une citoyenneté plus active et responsable, ils peuvent aussi, par ailleurs, s’ériger en un outil de fracture sociale par excellence. Car, à en croire Pierre Bourdieu : "l’opinion publique n’existe pas". Elle se construit d’autant que le flux d’infos livrées par les médias relève surtout de la mise en scène. Son langage "construit" permet notamment de forger les idoles, les produits phares et les vedettes.

Aussi, pour tout sujet d’actualité donné, seul le recours à une expertise "patentée" et "hypermédiatisée" s’impose-t-il. Le citoyen lambda, confronté aux conséquences directes des sujets évoqués, a rarement son mot à dire. De plus, toutes les autres initiatives "utiles", qui ont acquis droit de cité dans de nombreux médias de référence, sont habilement taxées "d’expériences positives". Et ce, au prix d’un bel effet réducteur imposé par leur recadrage systématique dans le genre formaté de "belles histoires" ou de "bonnes nouvelles" des "honnêtes gens". Ce qui évacue, par conséquent, leur portée transformatrice ou subversive. De même, quand une initiative exemplaire est présentée, rares sont les médias qui fournissent les informations pratiques et la stratégie de l’organisation évoquée. Toutes les données qu’un citoyen a envie de savoir pour apprécier s’il est prêt à s’engager, sont généralement passées sous silence.

Bref, il s’agit en l’occurrence de relever le défi citoyen. Ce dernier consiste à  prendre le contrepied de cette boutade de Patrick Lelay, ex-président-directeur général de TF1, pour qui, il ne revient pas à la télévision d’éduquer à la citoyenneté. Sa mission première est essentiellement de procurer à la publicité de Coca-Cola du "temps de cerveau humain disponible". Autrement dit, la capacité des médias à relancer le débat autour de la fonction sociale du journalisme se pose donc avec beaucoup plus d’acuité. Comment peuvent-ils dès lors participer à la construction de l’intérêt général ? Sont-ils à mesure de former et de contribuer à l’élaboration d’une parole construite, qui soit aussi crédible que celle des experts "patentés" ? En effet, dans sa vie quotidienne, le citoyen lambda est à la fois producteur et récepteur d’informations de toute nature. Aussi est-il opportun de ne plus réserver le monopole de la production et de la diffusion de l’information à ces "journalistes". Il s’impose donc d’inventorier des méthodologies positives de "construction de désaccords" afin de proposer des outils de démocratie participative.

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1 Le terme médias est à prendre dans son acception la plus large, incluant notamment tout support d’information et de divertissement.


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