Analyse n°406 de Axel Winkel - avril 2020
MENA. Quatre lettres, initiales d’une réalité bien compliquée. Celle des mineurs étrangers non accompagnés. Ils ont été de plus en plus nombreux à arriver en Europe et en Belgique ces dernières années. Par définition sans parents, ils sont particulièrement vulnérables. Des procédures particulières d’accompagnement ont été mises en place pour eux. Des centres d’accueil leur sont réservés. Un système de tutelle a été créé. Une procédure "MENA" a aussi été mise en place. La Belgique n’est pas un mauvais élève au niveau européen dans la gestion de cette problématique. Mais cela ne veut pas dire que "tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes". De nombreux obstacles se posent encore sur le chemin d’accueil des MENA. Notamment la reconnaissance même de leur minorité, de laquelle découlent toutes ces procédures et protections, ce qui est un gros point noir du système belge comme nous le verrons. Après avoir fait un état des lieux rapide de la gestion de l’accueil en Belgique et des problèmes qui s’y posent, nous passerons à un point que l’on juge essentiel quand on parle des MENA en Belgique ou en Europe : leurs disparitions massives et inquiétantes. Cela constituera le cœur de notre analyse. Car si de plus en plus de MENA sont arrivés sur le territoire européen, cela s’est accompagné d’une explosion des cas de disparitions. Comme nous le verrons, 30 000 MENA auraient disparu entre 2014 et 2017. Un chiffre énorme qui serait pourtant une sous-estimation. Il y a un manque criant de coopération sur cette question au niveau européen et les forces de police sont très peu engagées dans la recherche effective de ces jeunes. Dans le meilleur des cas, ces mineurs ont continué leur chemin vers la destination choisie. Dans le pire, ils ont été pris dans des réseaux de traite d’êtres humains. C’est pourquoi ce point mérite une étude plus approfondie. Nous tenterons d’expliquer les raisons de ces disparitions. Nous les mettrons en relation avec les procédures d’accueil des MENA et nous explorerons des pistes de solutions à cette question essentielle. Car, soyons clairs, nous parlons ici de milliers de mineurs d’âge qui disparaissent et dont on ne retrouve que rarement la trace.
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Politologue de formation, Axel Winkel est enseignant et chercheur chez Citoyenneté & Participation.