Analyse n°407 de Maïa Kaïss - avril 2020
Que cela soit dans les médias, dans les débats politiques, à travers des réflexions menées par le secteur associatif ou encore dans les écoles avec les plus jeunes, le sexisme est "the subject to be". Le sujet à la mode dont il faut parler ou sur lequel il faut pouvoir partager une anecdote, avoir un avis, aussi superficiel soit-il.
Vos réunions de famille n’auront eu que faire des dernières révélations médiatisées sur le sujet et vous en avez assez ? N’en soyez pas si certain et certaine. Je vous invite, au travers de cet article, à repenser le sujet autrement. Sortons du cadre parfois larmoyant, souvent militant, quelque fois absurde à partir duquel nous avons pris l’habitude de parler de la question du genre. Tentons un détour inattendu, celui de penser le prince charmant ni comme charmant, ni comme crapaud mais comme un homme (prince si vous le voulez) qui peut cumuler l’un et l’autre. Le sexisme bienveillant existe et certaines pourraient aussi décider de s’en servir !
Avant d’aller plus loin sur les énigmes que posent les attitudes cavalières et galantes (qui pourraient aller de pair), revenons sur le concept de sexisme.
En effet, il semble essentiel de le redéfinir brièvement afin de s’entendre sur ce dont nous parlons. Trop souvent les discussions se font, alors même que chacun ne labélise pas une situation, un comportement sous le même nom.
Le sexisme est entendu ici comme l’ensemble des idées et attitudes préjugeantes, stéréotypées et discriminantes basées sur le sexe et plus largement sur le genre.
Progressivement, sa particularité résidera dans le fait qu’en abordant le sexe, le concept ne soulignera plus seulement une différence, mais bien la spécificité du rapport de dominance des hommes exercé sur les femmes. Certaines attitudes, croyances et comportements de domination semblent être justifiés par des préjugés basés sur le sexe et amèneraient les diagnostiqués sexistes à considérer l’homme comme supérieur à la femme. La notion de sexisme est aussi marquée par le fait qu’elle reconsidère la question des inégalités simultanément dans les sphères publiques et privées ainsi qu’à des niveaux individuels et institutionnels.
Le sexisme renvoie par son essence, comme tout "isme", à une scission d’un groupe entre "eux" et "nous". Cette division induit indubitablement et progressivement un processus de réflexion et d’identification à la catégorie à laquelle on pense appartenir.
Ce chemin semble d’ores et déjà ouvrir à de premières interrogations : la catégorie existe-t-elle per se ou serait-elle le fruit d’une construction sociale ? Sommes-nous prêts à reconnaître cette scission ? Si scission il y a, nous identifions-nous forcément à l’un des groupes ? Notre façon d’envisager la société comme binaire amène-t-elle forcément à justifier le sexisme et par là même ses plus grosses dérives ?
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Maïa Kaïss est titulaire d’un master en Anthropologie sociale et culturelle (ULB) ainsi que d’une agrégation en sciences sociales (ULB). Elle travaille sur les questions liées aux thématiques Famille, Culture & Éducation et Citoyenneté & Participation, chez Citoyenneté & Participation.