Analyse n°430 de Clara Van Der Steen - juin 2021
L’omniprésence des réseaux sociaux dans notre société ainsi que notre dépendance à ces derniers sont significatives de la place importante qu’ils prennent dans nos vies quotidiennes. Les activités qu’ils proposent telles que la socialisation, la communication et le relais d’information participent à leur avènement et facilitent leur accès à des publics divers et variés, leur permettant de cette manière de toucher un très grand nombre de personnes.
Si les espaces offerts par les réseaux sociaux sont devenus des lieux de partage et de diffusion, il leur est également possible de devenir le terrain de protestations. Dès lors, les revendications virtuelles prennent la forme d’actions néo-militantes, entreprises par ce que le sociologue Geoffrey Pleyers nomme les « alteractivistes ». 1 De cette manière, les réseaux sociaux deviennent des espaces de contestations virtuels. Même si les données de ces plateformes virtuelles restent sous le contrôle de certaines puissances, elles peuvent également mener à des combats idéologiques et militants. L’histoire contemporaine peut désormais illustrer l’importance des réseaux sociaux dans la mobilisation militante. Certains mouvements ont vu leur essor à travers les réseaux sociaux ; en témoigne par exemple le phénomène #MeToo ayant pris une ampleur assez conséquente depuis 2017 à la suite de l’affaire Weinstein.
La propagation de ces mouvements a mené à la naissance de véritables organisations militantes grâce à leur bonne diffusion sur les réseaux.
La question n’a jamais été plus actuelle depuis le début de la pandémie du COVID-19 pendant laquelle, les violences et les inégalités déjà en place se sont vues exacerbées. Tandis que les rassemblements et par extension, les manifestations, ont été limités voire interdits, les actions militantes se sont transformées pour s’adapter au contexte actuel entraînant une augmentation de protestations virtuelles. Le but de cet article est d’abord d’analyser les différentes formes de militantisme prenant part sur les réseaux sociaux ainsi que leurs enjeux. Pour ce, nous réfléchirons aux manières dont les plateformes sont adaptées à la mobilisation et la mise en forme de ces mouvements sur les réseaux sociaux. Nous aborderons ensuite la question de l’efficacité de ces mobilisations mais également les dangers que cela suscite, avant de conclure sur les possibilités ainsi que les limites de ces contestations virtuelles.
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1 Les alteractivistes sont identifiés comme des individus issus des années 2000, impliqués dans des mouvements militants et engagés tant sur le plan politique que sentimental. Leur but est de repenser les formes de résistances participant à une vision du monde alternative et à un changement autant sur le plan social que politique. Cette nouvelle génération use de techniques adaptées à leur époque d’où un apport technologique basé sur les modalités d’Internet. Voir G. Pleyers, « Engagement et relation à soi chez les jeunes alteractivistes », Agora débats/jeunesses, 72, 2016, p. 107-122 [en ligne :] https://www.cairn.info/revue-agora-debats-jeunesses-2016-1-page-107.htm, consulté le 7 avril 2021.
Clara Van Der Steen est titulaire d’un master en Archéologie et Histoire de l’art (ULB) ainsi que d’un master en spécialisation en étude de Genre (UCL). Elle travaille au sein du pôle Recherche & Plaidoyer au sein de Citoyenneté & Participation.