Analyse n°432 de Maïa Kaïss - juillet 2021
Et pourtant ils existent…
La binarité, que dis-je ? Parfois le manichéisme, avec lequel on oppose les "pro-vaccins" et les "anti-vaccins", a pour conséquence de ne laisser que peu de place aux ambivalences dans le débat public. Or, la classe d’indécis est sans aucun doute celle avec qui il fait plus sens encore de discuter ! Avant toute chose, comme pour chaque groupe de personnes que l’on essaye de rassembler sous une même étiquette parce qu’elles paraissent partager le même système de pensées, prenons soin de ne pas tomber dans le piège de l’essentialisation.
"Les indécis". Qui sont-ils ? L’indécision n’est-elle pas justement le terme qui recouvre le plus large panel d’opinions ? Celles qui se complètent, celles qui se contredisent, celles qui s’alimentent pendant quelques minutes, qui se démontent dans les heures qui suivent ? Des "indécis" dont on ne peut, en temps de crise, ignorer la souffrance. La souffrance de vaciller entre la position de "non-savant" et la prétention à vouloir savoir.
Cet article a pour mission de mettre en lumière une discussion. Pas celle que l’indécis a avec lui-même lorsqu’il est face à des informations lui permettant de se rendre compte que la prochaine vague de contamination est proche. Pas celle qu’il a avec lui-même avant d’aller dormir, en se culpabilisant de ne pas agir au nom de la solidarité. Pas non plus celle que le médecin entretient avec le corps scientifique pour qui les maux rencontrés auprès des patients depuis des mois justifient l’utilisation des mots les plus complexes pour convaincre les indécis auxquels ils font face.
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Maïa Kaïss est titulaire d’un master en Anthropologie sociale et culturelle (ULB) ainsi que d’une agrégation en sciences sociales (ULB). Elle travaille sur les questions liées aux thématiques Famille, Culture & Éducation et Citoyenneté & Participation, chez Citoyenneté & Participation.