Analyse n°484 de Emma Raucent - février 2024
Le courant décroissant force la remise en question d’un élément essentiel au fondement du modèle croissanciel : le travail. Comment et pourquoi devrait-on travailler dans une société qui décroît ? Actuellement, l’emploi et son "marché" exercent une sorte d’hégémonie culturelle sur les sociétés occidentales.1 Plutôt que d’être appréhendés comme des formes particulières et historiquement situées d’organisation socioéconomique, ils sont considérés comme "l’étoffe" même de la réalité. Y consacrant la majorité de nos heures éveillées 2, nous dépendons du travail employé, non seulement comme seul moyen de subsistance, mais aussi à titre de norme culturelle, puisqu’il contribue à forger le statut social des individus et à structurer leurs interactions autour d’objectifs et de rituels communs.3
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1 Gorz A., Métamorphose du Travail. Critique de la raison économique, Editions Galilé, 1988.
2 Gomez-Baggethun E., "Rethinking work for a just and sustainable future", Ecological Economics 2022, vol. CC, n° 107506.
3 Paul K. I. et Moser K. "Incongruence as an explanation for the negative mental health effects of unemployment: meta-analytic evidence", J Occup Organ Psychol 2006, n°79, pp. 595-621 ; Jahoda M., Employment and unemployment: a social-psychological analysis, Cambridge: Cambridge University Press, 1982.
Emma Raucent est titulaire d’un master en droit ainsi que d’un master de spécialisation en philosophie du droit. Elle est chargée de recherche dans la thématique Famille, Culture & Éducation, au sein du pôle Recherche & Plaidoyer chez Citoyenneté & Participation.