Analyse n°366 de Naomi Berger - février 2019
La révolte contre l’augmentation des taxes sur le carburant a mis en lumière le droit à la mobilité. La mobilité est, en effet, une condition sine qua none de minimum vital. La possibilité de se déplacer sans contrainte conditionne l’accès à d’autres droits (logement, travail, loisir, santé…). C’est d’autant plus vrai qu’aujourd’hui le modèle dominant est celui de l’hypermobilité. Les distances parcourues augmentent, les motifs de déplacements également et les horaires se dilatent. Chaque individu gère son espace-temps de manière autonome. Cette réalité n’est cependant valable que pour une partie de la population. Comprise comme une ressource, la mobilité n’est pas acquise par tous. Et ce alors qu’une capacité réduite de déplacements a des conséquences sociales, culturelles, économiques et idéologiques non négligeables. Le droit à la mobilité s’apparente, en outre, de plus en plus à une injonction. Être immobile serait synonyme d’échec.
Doit-on alors tendre vers l’hypermobilité généralisée ? Cette liberté de mouvement s’est nourrie de l’accessibilité à la voiture individuelle, et inversement. Aujourd’hui, ce mode de déplacement est remis en question alors qu’on regrette simultanément notre dépendance. L’hypermobilité n’est en effet pas sans conséquences nuisibles. Dans ce contexte, comment dès lors comprendre le droit à la mobilité ? Convient-il aux pouvoirs publics d’organiser et de supporter une hypermobilité pour tous ? Comment agencer les besoins en déplacement(s) avec la nécessaire préservation de notre environnement, par exemple ? In fine, ne devrait-on pas s’offrir la possibilité de questionner le sens de cette mobilité décuplée ?
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Politologue réorientée dans le domaine de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire, Naomi Berger s’attèle à décortiquer les questions urbaines avec un intérêt marqué pour sa ville d’origine : Bruxelles