Analyse n°326 de Naomi Berger - février 2018
Les experts disputent aux élus la prétention à prendre les décisions. Les citoyens élèvent la voix pour qu’elle porte jusqu’aux cénacles du pouvoir. Le tableau est classique dans nos démocraties représentatives, aujourd’hui coincées entre la technicité des matières et les revendications de la rue. Décrié, le politique se voit contraint et forcé de laisser davantage de place aux citoyens à la table des négociations. En gardant la main sur le frein à main, toutefois. Sous couvert de la complexité des dossiers, soupçonnés de réflexes égoïstes et d’indifférence, les citoyens sont maintenus à la marge.
L’aménagement du territoire constitue un laboratoire intéressant, à la croisée des chemins entre le monopole décisionnel de l’édile des lieux, la complexité des enjeux et les attentes de ceux qui vivent sur ce territoire, le consomment autant qu’ils le façonnent. La participation publique en aménagement du territoire évolue avec son temps, sans être en avance. En Région bruxelloise, cette idée a été traduite par plusieurs dispositions. Jusqu’à aujourd’hui, la formule la plus aboutie a vu le jour avec l’émergence des Contrats de Quartiers durables. Impliquant directement les habitants dans l’aménagement de leur environnement proche, cet outil ouvre la voie vers une co-construction du territoire. Certains habitants restent pourtant sur leur faim. Si ces formules de participation ont le mérite d’exister, les habitants sont-ils réellement en mesure de se débarrasser de leurs costumes de figurants ?
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Politologue réorientée dans le domaine de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire, Naomi Berger s’attèle à décortiquer les questions urbaines avec un intérêt marqué pour sa ville d’origine : Bruxelles