Analyse n°41 de Citoyenneté & Participation - décembre 2008
Les États-Unis ont été durant de longues années considérés comme la super puissance de l’échiquier mondial. Aujourd’hui, cette suprématie est remise en question. La fin de la guerre froide a mis fin au système bipolaire opposant le bloc de l’Est face au bloc de l’Ouest emmené par les USA. Les attentats du 11 septembre 2001 ont sérieusement entachés son image inébranlable. Les terroristes, sans moyens militaires ni financiers conséquents 1, ont réussi à faire vaciller l’Amérique. L’accélération du processus de la mondialisation a vu naître de nouvelles puissances comme la Chine et l’Inde. Le modèle américain est-il en train de s’effondrer ? À tout le moins, il est pris en défaut. Son économie est mise à mal, les conflits engagés en Afghanistan et en Irak s’enlisent et son modèle culturel suscite de nombreuses critiques. Mais est-ce réellement la fin du leadership américain ? Comment peut-on calculer la puissance d’un État ? Raymond Aron définit le concept de puissance comme "la capacité d’une unité politique d’imposer sa vision et ses objectifs aux autres unités politiques.2" La puissance peut se mesurer grâce à certains attributs. Joseph Nye en a établi une typologie en sept points 3 :
1. Les ressources de base : population et territoire.
2. La capacité d’action militaire.
3. La capacité économique de production.
4. Le potentiel scientifique et technologique.
5. La cohésion nationale : stabilité, consensus...
6. Le rayonnement culturel.
7. L’influence de l’État sur les institutions internationales.
Aujourd’hui, selon Joseph Nye, ce sont les quatre derniers critères qui deviennent prépondérants. Nous allons les examiner les uns après les autres. Nous retenons aussi le critère économique car les relations internationales sont particulièrement influencées par les accords commerciaux entre pays. À l’époque, la puissance se mesurait essentiellement par la capacité de coercition d’une Nation. Aujourd’hui, les États sont de plus en plus interdépendants. Par conséquent, il devient difficile de contraindre un partenaire commercial par la force. Les États-Unis possèdent, certes, les ressources militaires les plus impressionnantes mais cela ne suffit plus pour assurer leur suprématie. Joseph Nye, professeur de relations internationales à Harvard jusqu’en 2004, a développé le concept de soft power pour répondre à ces nouvelles données. C’est l’attractivité et l’influence plus que la force qui mesure, aujourd’hui, la puissance d’un pays.4
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1 J. Nye, « La puissance américaine et la lutte contre le terrorisme », in Revue de politique américaine, n°2, été-automne 2005.
2 R. Aron, Paix et guerre entre les nations, Calmann-Levy, Paris, 1962.
3 J. Nye, Bound to lead: changing nature of American power, Basic books, 1990.
4 J. Nye, Le leadership américain, Nancy, PUF, 1992.