Analyse n°297 de Dounia Tadli - juillet 2017
La transplantation d’organes peut être considérée comme la plus grande avancée thérapeutique de la fin du xxe siècle. Après des débuts laborieux, les greffes sont désormais de plus en plus courantes. Ces interventions qui, dans la majorité des cas, consistent en un prélèvement d’organes sur le corps d’un défunt en vue d’une transplantation sur le corps d’un receveur, créent du lien entre le monde des vivants et celui des morts. En ce sens, la pratique n’est pas nouvelle : les anthropologues ont montré que les rites funéraires étaient souvent liés à des symboles de fertilité ou de renaissance. La transplantation d’organes s’inscrit donc dans une certaine continuité avec ces rituels, tout en étant caractérisée par sa technicité. Pour le monde médical, l’intervention d’un tiers profane (le donneur) dans la guérison du patient, au-delà du soutien des professionnels de la santé et de l’industrie pharmaceutique, est aussi tout à fait inédite.
Mais sauver ou améliorer la vie d’un greffé à l’aide de l’organe d’un autre implique également des questions éthiques, entre le bénéfice évident pour le receveur et les représentations d’une société sur la bonne mort et le statut du corps. Si certains mettent en évidence une certaine productivisation de la mort, nous verrons que le don d’organes peut aussi être l’occasion de créer des liens.
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Dounia TADLI est titulaire d’un master en anthropologie, spécialisée dans les relations humains-environnement.