Analyse n°473 de Boris Fronteddu - juillet 2023
Vous lisez probablement ces lignes depuis ordinateur ou votre smartphone, avec, peut-être, votre montre connectée autour du poignet. Et rien qu’avec cela, vous en dites déjà beaucoup plus que vous ne le pensez aux géants de la tech. Afin de pouvoir accéder à ce contenu, il vous a probablement été demandé d’accepter des « cookies ». Derrière ce nom évoquant un délicieux biscuit aux pépites de chocolat, se cache en réalité un tracker de données personnelles, permettant aux pages web de mémoriser les traces que vous laisserez derrière vous suite à votre visite.
Collectées en permanence, vos données personnelles sont compilées, traitées et croisées afin d’affiner sans cesse votre profil psychologique de consommateur. C’est cela qui en fait un bien valorisable. Chaque jour, nous générons, globalement, 500 millions de tweets, 294 milliards d’e-mails, 4 millions de gigaoctets de données Facebook, 65 milliards de messages WhatsApp et ajoutons 720 000 heures de nouveaux contenus sur YouTube. Tout cela constitue une quantité astronomique de « données », soit d’informations sur notre vie personnelle, nos interactions sociales, nos centres d’intérêts, nos opinions politiques…
Ces données représentent une manne considérable de revenus pour les entreprises numériques et les géants de la Silicon Valley, les GAFAM (Google, Amazon, Facebook et Microsoft). Or, ce business model, sur lequel repose ces géants de la tech, a un coût. Écologique, puisque le stockage, toujours plus important, de ces données requiert sans cesse de nouvelles infrastructures très gourmandes en énergie, en eau et en espace. Démocratique, puisque la valorisation des données personnelles constitue une marchandisation de notre vie privée, de nos interactions sociales et, fondamentalement, de la vie humaine en elle- même. Politique, enfin, puisque ces données instaurent un contrôle permanent des citoyens, que celui-ci soit exercé par des entreprises privées, par les autorités publiques ou par les citoyens eux-mêmes. Tous ces éléments nous permettent d’affirmer que le modèle de développement des GAFAM, basé sur la collecte permanente de données, apparaît socialement et écologiquement insoutenable sur le long terme.
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Boris Fronteddu est chargé de recherche dans la thématique Consommation durable, au sein du pôle Recherche & Plaidoyer. Il est titulaire d’un master en journalisme ainsi que d’un master en politiques européennes.