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Espace public et rapport de genre

Comment la ville devient un lieu de domination

Analyse n°446 de Clara Van Der Steen - décembre 2021


Lorsque les féministes et leurs allié·e·s circulent dans les rues de Bruxelles pour protester contre les violences faites aux femmes le 28 novembre 2021 1, c’est non seulement pour manifester leur colère envers un système patriarcal qui maintient des violences structurelles, mais également pour revendiquer des nouveaux droits sociaux. Le fait que cette manifestation ait pris part sur les grands axes de la capitale a une importance particulière ; par cette action, les femmes revendiquent le droit de s’approprier la rue. En effet, si les lieux de vie communs, dans lesquels les individus se rassemblent et évoluent, font partie intégrante de notre environnement, les rapports de force qui y opèrent, organisent nos relations sociales et spatiales et se construisent selon notre système socio-économique.
L’histoire de l’urbanisme est essentielle à notre compréhension de la ville et de la manière dont elle est représentative de l’organisation sociale ainsi que des inégalités qui en découlent. Les recherches en architecture en cours depuis les années 1970 s’accordent sur le fait que l’espace public, marqué par des rapports de domination, nécessite d’être analysé d’un point de vue genré afin d’appréhender les mécanismes de domination patriarcale – à croiser avec une approche intersectionnelle. Ce travail a pu être effectué par des nouveaux collectifs émergeant depuis le début de la décennie, notamment sur le territoire bruxellois. 2
L’objectif de cette analyse est de comprendre ces rapports de force et de quelles manières ils agissent dans les espaces publics. Un rapide état des lieux de l’avènement du système capitaliste permet de réfléchir à son influence sur l’organisation spatiale urbaine et son évolution jusqu’à aujourd’hui. Nous aurons l’occasion de revenir sur les différentes formes de domination patriarcale pouvant avoir lieu dans la rue notamment à travers l’accaparement de l’espace d’un point de vue matériel, architectural mais également culturel.
Les différentes mécaniques traduites sur le plan spatial seront examinées afin d’explorer quelles initiatives peuvent répondre aux façons de reprendre possession de la ville. Le travail issu de certains collectifs engagés sera également abordé afin de pousser la réflexion dans une ville comme Bruxelles.

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1 BELGA, « Bruxelles: au moins 5.000 personnes à la manifestation contre les violences faites aux femmes », Le Soir, 28 novembre 2021, [en ligne :] https://www.lesoir.be/409142/article/2021-11-28/bruxelles-au-moins-5000-personnes-la-manifestation-contre-les-violences-faites, consulté le 2 décembre 2021.
2 Nous pouvons mentionner des collectifs comme la plateforme l’Architecture qui Dégenre ou encore Marie Mineur Noms Peut-Être.


Clara Van Der Steen est titulaire d’un master en Archéologie et Histoire de l’art (ULB) ainsi que d’un master en spécialisation en étude de Genre (UCL). Elle travaille au sein du pôle Recherche & Plaidoyer au sein de Citoyenneté & Participation.

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