Analyse n°346 de Stéphanie Ghuysen - octobre 2018
Vingt-trois "Conferences of the Parties" (COP), vingt-trois bilans peu probants. En dépit d’innombrables avertissements, le dernier sommet climatique, à Bonn, n’est pas parvenu à se démarquer. Si la COP 23 a bien permis d’engranger quelques timides avancées (opérationnalisation de l’accord de Paris 1, finalisation des modalités de mise en œuvre du dialogue participatif dit de "Talanoa", reconfirmation du Fonds d’adaptation…), force est néanmoins de constater que, pour l’essentiel, la communauté internationale est passée à côté du rendez-vous.2 Cette situation semble profiter à la géo-ingénierie qui se présente comme le seul rempart efficace face aux dérèglements climatiques.
Bien que la nécessité de réaliser un effort collectif et individuel dans le combat contre le changement climatique semble faire l’unanimité, de nombreuses voix s’élèvent contre les engagements lacunaires des différentes parties en présence. Maintenir l’augmentation des températures en deçà des deux degrés Celsius prévus par l’Accord de Paris en 2015 – le premier accord planétaire juridiquement contraignant – semble désormais relever du mirage, tandis qu’en matière de gaz à effet de serre (GES), les États ne font pas meilleure figure en n’honorant que très partiellement leurs promesses.3 Le système économique basé sur la productivité n’encourage pas les pays à réduire leurs émissions.4
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1 L’Accord de Paris signé lors de la COP 21 en décembre 2015 est un engagement entre 197 États à limiter la hausse des températures à 2°C voire 1,5°C. Sur cette question, lire E. Rome, COP 21 – Quels enjeux ?, Bruxelles : CPCP, "Au Quotidien", décembre 2015, [en ligne :] http://www.cpcp.be/etudes-et-prospectives/collection-au-quotidien/cop-21-quels-enjeux. Lire également A.-C. Remacle, COP 22 – Un an après, qu’en est-il de l’Accord de Paris ?, Bruxelles : CPCP, « Au Quotidien », décembre 2016, [en ligne :] http://www.cpcp.be/etudes-et-prospectives/collection-au-quotidien/cop-22-un-an-apresqu-en-est-il-de-l-accord-de-paris-3.
2 Sur le bilan de la COP 23, lire A. Massiot, "Climat : s’est-il passé quelque chose à la COP 23 de Bonn ?", Libération, 18 novembre 2017, [en ligne :] https://www.liberation.fr/planete/2017/11/18/climat-s-est-il-passe-quelque-chose-a-la-cop-23-debonn_1610881 ; "Le sommet climatique de Bonn : un pas en avant dans la mise en oeuvre de l’accord de Paris", Climat.be, s. d., https://www.climat.be/fr-be/politiques/politique-internationale/conferences-climatiques/2017-cop-23-bonn/, consultés le 13 septembre 2018.
3 Comme le soulignent certains observateurs, "les efforts actuels des États couvrent à peine un tiers des réductions de gaz à effet de serre nécessaires". A. Mercante, "Le décevant bilan de la COP23", Les Échos, 18 novembre 2017, [en ligne :] https://www.lesechos.fr/18/11/2017/lesechos.fr/030895417795_le-decevant-bilan-de-la-cop23.
htm, consulté le 13 septembre 2018.
4 S. Cloutier Marenger, Dominer le monde par la géoingénierie : réflexions écoféministes sur la technique en tant que solution aux changements climatique, Mémoire présenté comme exigence partielle de la maîtrise en science de l’environnement, Montréal : Université du Québec, 2016.
Stéphanie Ghuysen est animatrice au sein du Pôle Formations chez Citoyenneté & Participation. Elle est titulaire d’un master en sciences de la population et du développement, orientation coopération Nord-Sud.