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Grève scolaire pour le climat

L’engagement des jeunes à l’épreuve de la démocratie

Analyse n°370 de Axel Winkel - avril 2019


Le 10 janvier 2019, ils étaient 3 000 ; le 17 janvier, ce chiffre est monté à 13 000 pour atteindre 35 000 le 24 du même mois. Ce chiffre s’est par la suite stabilisé et le mouvement continue près de trois mois après son lancement. Inédite en Belgique, cette mobilisation citoyenne de jeunes étudiants du secondaire était complètement inattendue. En effet, l’image la plus répandue et semblant faire consensus est celle du jeune apathique, désintéressé par la chose publique, hédoniste et nombriliste. Qu’en est-il réellement ?

Pour nourrir cette analyse, près d’une centaine d’élèves de 5e et 6e secondaire ont répondu anonymement du 25 au 29 mars 2019 à un questionnaire sur le mouvement actuel de grève scolaire. Celui-ci interrogeait leur participation ou non-participation au mouvement, les raisons de leur choix, leur sentiment d’affiliation politique ou encore leur sentiment de capacité d’influence politique.
Ne prétendant pas à l’exhaustivité, ce questionnaire permet cependant d’enrichir le travail de réflexion sur l’engagement ou le non-engagement des jeunes dans la grève scolaire pour le climat.

Avant de rentrer dans le vif du sujet, il convient tout d’abord de définir ce qu’on entend par "participation" ou "engagement politique". Nous en aurons une acception large et nous nous baserons sur la définition de Philippe Braud qui comprend la participation politique comme "l’ensemble des activités, individuelles ou collectives, susceptibles de donner aux gouvernés une influence sur le fonctionnement du système politique" 1. Sur cette base, et la typologie de Barnes et Kaase 2, nous pouvons différencier deux grandes formes de participation : une participation "institutionnalisée ou conventionnelle" et "non-conventionnelle ou contestataire" 3. La participation dite "institutionnalisée ou conventionnelle" renvoie au vote, au fait de s’engager dans un parti politique, dans un syndicat, voire même de simplement lire un journal.4 Elle est la forme historiquement acceptée de la participation politique et s’inscrit dans un cadre légal clair, au travers de modes de participation institutionnalisés. À l’opposé, nous retrouvons la participation "non-conventionnelle ou contestataire" qui comprend des actions comme la manifestation, la grève, la désobéissance civile ou encore le boycott.5 Ces actions se situent parfois plus à la marge de la légalité et impliquent une participation plus directe.6 Il convient de préciser que ces deux formes de participation ne sont pas clairement balisées.

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1 P. Braud, Sociologie politique, Paris : LGDJ, 2002, p. 327.
2 S. Barnes, M. Kaase, "Political Action : An Eight Nation Study 1973-1976", s.l., Interuniversity Consortium for Political and Social Research, 1976, [en ligne :] https://doi.org/10.3886/ICPSR07777.v1, consulté le 3 avril 2019.
3 M. Quaranta, "The Rise of Unconventional Political Participation in Italy: Measurement equivalence and trend over time, 1976-2009", Bulletin of Italian Politics, IV, 2, 2012, p. 253, [en ligne :] http://www.glasgowheart.org/media/media_264092_en.pdf, consulté le 3 avril 2019.
4 Ibid.
5 M. Quaranta, op. cit.
6 Ibid., p. 254-255.


Politologue de formation, Axel Winkel est enseignant et chercheur chez Citoyenneté & Participation.

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