Housing first

Vers la fin du sans-abrisme ?

Analyse n°250 de Jean-François Boulet - décembre 2015

Considéré comme un accident de vie individuel au temps du plein emploi, le sans-abrisme apparaît aujourd’hui comme un phénomène indissociable d’une certaine précarisation de la société.¹ Si chaque histoire reste particulière, la prise en compte des causes structurelles de cette problématique a ouvert la voie à la recherche d’une réponse globale au sans-abrisme. Une réponse globale qui tarde cependant à voir le jour dans notre pays.² De nombreux services sont mis à disposition des sans-abris par les pouvoirs locaux ainsi que par le monde associatif. Mais le morcellement des compétences et l’enchevêtrement des niveaux de pouvoir ne facilitent pas l’émergence d’une stratégie commune dont l’ambition serait à la hauteur du défi à relever.

Et arriva le Housing First ³ ! Né outre-Atlantique, ce nouveau concept entend renverser l’ordre des priorités dans la prise en charge des personnes de la rue. Longtemps envisagé comme l’étape ultime du processus, le logement individuel en devient le point de départ. Les succès engrangés aux États-Unis ont finalement éveillé l’intérêt des acteurs politiques et sociaux du Vieux Continent. Alors que certaines expériences ont déjà été lancées et évaluées au niveau européen, des projets pilotes ont vu le jour dans certaines grandes villes de notre pays. Incontestablement, le Housing First a le vent en poupe. Pour autant, l’implantation de cette recette américaine dans nos contrées n’est pas sans poser certaines questions. Fidélité au modèle ou nécessaire acclimatation, au risque de le trahir ? Intégration d’un outil supplémentaire au sein d’un dispositif complexe ou prépondérance de cet outil au détriment des dispositifs classiques ? Autant de questions que nous ne manquerons pas d’aborder.

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