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Imprime-moi un gigot !

Analyse n°255 de Karin Dubois - décembre 2015


On aurait pu intituler cette publication "Quoi de neuf au royaume de Tricatel ?" pour faire référence à ce bon vieux film L’aile ou la cuisse dans lequel Louis de Funès découvre avec stupéfaction les tromperies de l’agroalimentaire. On était en 1976.

Cela fait bien cinquante ans que nous laissons les dirigeants de l’agro-alimentaire abuser de notre confiance. Cela a commencé avec les arômes. Au départ, ils étaient exclusivement naturels mais les saisons étant ce qu’elles sont, l’agroalimentaire s’est mis à fabriquer des molécules qui ont le goût de fraises ou de cerises pour continuer à produire des yaourts en hiver. Puis sont apparus des arômes de foie gras et de truffes pour ceux qui n’ont pas les moyens d’acheter de tels produits de luxe. Par la suite, les colorants et additifs de toutes sortes ont envahi nos produits comestibles pour les rendre plus moelleux, plus solides, plus longtemps consommables, plus appétissants… tout ça parce que des champions du marketing ont mené des recherches très coûteuses pour savoir quoi changer dans un produit dans l’unique but de vous le vendre. Celui-là et pas celui du concurrent. C’est la lutte entre les concepteurs. C’est à celui qui produira le meilleur bruit de chips, le chewing-gum le plus blanc et le plus brillant, le nouveau goût qui vous fera craquer et revenir vers ce nouveau produit. Et dans cette course à la clientèle, tout est permis, y compris bousiller notre santé que ce soit avec des légumes OGM et imprégnés de pesticides, des animaux piqués aux antibiotiques, des additifs plus que douteux dont certains nous rendent complètement accros à la malbouffe, des produits soi-disant light et pourtant riches en sucre, des jus de fruits dans lesquels il faut vraiment chercher les fruits … la liste est longue, trop longue !

Et, il faut le reconnaître, le secteur de l’agro-alimentaire est un secteur qui innove. Une mixture synthétique que l’on fait passer pour du fromage, un mélange détonnant pour remplacer la viande, des technologies de pointe insérées dans l’alimentation pour rendre notre salade "intelligente". Étonnant, non ? L’idée n’est pas de faire la conversation à notre salade, heureusement, mais bien de manger des feuilles qui changeraient de couleur ou nous soigneraient.

L’alimentation change de forme. Et certains se posent des questions quant à sa nature réelle. Qu’est-ce que la viande ? Un morceau de chair animale ? Ou un tas de protéines imprimées en laboratoire ? Voilà donc un aperçu de ce que vous découvrirez dans cette appétissante publication qui évoquera également les nanoparticules et les fromages végétaux.

Mesdames et Messieurs, nous vous invitons à entrer dans la cuisine d’aujourd’hui et celle d’un futur très très proche. Nous proposons de décortiquer les inventions majeures qui ont (ou vont) bouleversé(er) nos assiettes traditionnelles. Le chef vous a confectionné un menu digne des plus grands auteurs de romans et de films d’anticipation du XXe siècle et vous souhaite bon appétit !

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Diplômée en Sciences Politiques, en Sciences du Travail et en Communication, Karin Dubois, coordinatrice du pôle Formation chez Citoyenneté & Participation, est une enthousiaste de la consommation et du développement durables.

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