Analyse n°315 de Dimitri Greimers - novembre 2017
Les technologies de l’intelligence artificielle (IA) sont apparues dans les années cinquante.1 Depuis, bien des progrès ont été engrangés, de sorte que l’intelligence artificielle occupe constamment notre quotidien. Les applications se multiplient chaque jour. La robotique est toujours plus spectaculaire. Dans ce que beaucoup voient comme la quatrième révolution industrielle, les machines sont conçues comme des instruments à penser en vue de réaliser certaines tâches. De l’automobile au secteur médical, en passant par la finance, l’immobilier ou l’armée, aucun domaine n’y échappe.
Cet essor fulgurant aboutit aujourd’hui à une intelligence artificielle capable de remplacer l’homme, voire de le dépasser. Ces progrès sont porteurs d’autant d’espoirs que d’inquiétudes.
Espoirs tout d’abord. Si l’on prend la médecine, l’intelligence artificielle montre des résultats prometteurs en matière de détection, de diagnostics ou encore de confection de médicaments pour des maladies comme le cancer, le diabète, les problèmes cardiaques ou encore la dépression.
Inquiétudes aussi. En 1997 déjà, l’intelligence Deep Blue développée par le géant IBM battait le champion russe d’échecs Garry Kasparov. Vingt années plus tard, le programme Libratus a eu raison des meilleurs champions de poker dans une partie de Up No-Limit Texas Hold’em. L’événement est majeur : pour la première fois, un ordinateur est sorti victorieux d’un jeu dans lequel les informations dont il disposait étaient incomplètes. Il était, en effet, impossible pour l’IA de savoir avec précision ce que l’adversaire détenait comme cartes. En réalité, les algorithmes utilisés ont permis à l’IA d’analyser le jeu de ses adversaires et de développer des raisonnements stratégiques payants. Ainsi, face à cette puissance, l’être humain est relégué au rang des perdants.
L’intelligence artificielle est et restera cependant inévitable. Comme l’a souligné le Parlement européen dans une résolution votée en février 2017, l’être humain a "de tout temps rêvé de construire des machines intelligentes, le plus souvent des androïdes à figure humaine". Songeons à cet égard à "la créature de Frankenstein imaginée par Mary Shelley, au mythe antique de Pygmalion, [au] golem de Prague [ou au] robot de Karel Capek, inventeur du terme"2.
Bien qu’inéluctable, la question de la place de l’IA dans notre société mérite cependant d’être prise à bras-le-corps, tant ses impacts seront susceptibles, dans un avenir proche, de mettre à l’écart la majeure partie de la population. Le projet Faites le mur ! piloté par le Centre Permanent pour la Citoyenneté et la Participation 3 est l’occasion d’appréhender l’intelligence artificielle à travers trois déclinaisons : des murs à l’emploi, des murs à la liberté, des murs à l’Humanité.
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1 L’expression est consacrée pour la première fois par le mathématicien John McCathy en 1955.
2 Parlement européen, Résolution du 16 février 2017 contenant des recommandations à la Commission concernant des règles de droit civil sur la robotique (2015/2103(INL)).
3 http://www.cpcp.be/faites-le-mur.
Dimitri Greimers est titulaire d’un master en sciences politiques à orientation Affaires publiques.