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Les migrations

Caravanes millénaires de l’espoir

Étude n°18 de Naomi Berger - décembre 2015


Malgré le sentiment d’un phénomène sans précédent, l’arrivée de migrants sur le Vieux continent n’a rien d’extraordinaire. Le phénomène migratoire n’est pas né en 2013. Nombre de migrants avancés à la va-vite, prédictions budgétaires alarmistes, tous les ingrédients sont réunis pour nourrir la confusion et la crainte vis-à-vis des personnes fraîchement débarquées en Europe. Dans ce genre de situation, prendre du recul et décortiquer le(s) phénomène(s) migratoire(s) peut offrir de toutes nouvelles perspectives. À tête reposée, nous proposons ici de nous interroger sur ces déplacements de personnes volontaires ou forcés. Sont-ils plus importants aujourd’hui qu’hier ? La mobilité internationale se décline-telle uniformément aux quatre coins du globe ? Une analyse sur le long terme permet de se positionner plus sereinement quant à ces migrations. Certaines tendances et motivations se dessinent plus distinctement et ne sont pas nécessairement celles que l’on pense. S’il est certain que le Vieux continent constitue un pôle d’attraction, il est loin d’être le seul. Pourtant, depuis une quarantaine d’année, l’Europe agit comme si elle se trouvait en état de siège et cherche à s’offrir une frontière imperméable. De concert avec ses voisins, la Belgique a mis sur pied une politique migratoire sélective et limitée, faisant la part belle à une immigration qualifiée. Cette attitude a des conséquences et des justifications critiquables. Nous passerons en revue ces choix politiques et leurs conséquences.

Sans doute serait-il temps d’envisager les migrations différemment. Débarrassés de tout a priori négatif, nous pourrions éviter les raccourcis malhonnêtes et les assimilations frauduleuses où le migrant devient synonyme de criminalité. Comme si on était parti sur le mauvais pied, un changement de notre politique migratoire peut être des plus bénéfiques. Au-delà des considérations utilitaristes, étendre la délivrance de visas se justifie à plusieurs égards. Le premier étant peut-être de reconnaître qu’une frontière n’a jamais arrêté celui qui n’avait plus rien à perdre. Par ailleurs, les lacunes de nos choix en matière d’immigration entraînent de l’illégalité nuisible pour la société comme pour le migrant. In fine, on peut également interroger la cohérence entre une mobilité que l’on souhaite sans restriction pour les biens et les capitaux et des visas sélectifs pour les travailleurs. Ces différences de traitement ne sont pas sans conséquences sur le développement de certaines régions. Pour autant, peut-on ouvrir grand nos frontières ? Instinctivement, la réponse tend vers la négative. Les craintes et les appréhensions sont tenaces, touchant autant à des préoccupations économiques qu’à la définition de l’identité. Elles méritent une attention particulière et des éléments de réponses apaisés que nous tenterons d’apporter ici.

La politique migratoire ne s’arrête pas aux frontières. L’actualité est venue durement le rappeler. Dans nos trois régions, des parcours d’intégration ambitionnent de mettre les nouveaux venus sur les rails. La Flandre a montré l’exemple et assumé ses choix rapidement. Au Sud du pays et dans la capitale, il a été plus difficile de trancher. Nous examinerons ces deux positions : leurs motivations et leur réalisation. Par ailleurs, des deux côtés de la frontière linguistique, l’intégration est perçue comme un processus réciproque, les deux parties s’engagent à remplir leur part du boulot. Force est cependant de constater que les populations issues de l’immigration peuvent rarement espérer une existence aussi aisée que les autochtones. Comment égaliser les conditions d’existence sans étouffer les différences ? Sur quelle base établir une société inclusive ? Ce sont des questions fondamentales à toute société, et ce depuis la nuit des temps. Si les références à la nation ont, dès l’ère moderne, eu un rôle fédérateur, elles atteignent aujourd’hui leurs limites. Sans doute faudra-t-il réinventer d’autres dénominateurs communs ; les Gaulois ne font pas sens pour tout le monde. Rien d’impossible mais bien quelques collines à déplacer. Le chantier est énorme et de longue haleine mais peut-on réellement se permettre l’inertie et risquer le pourrissement ?

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Politologue réorientée dans le domaine de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire, Naomi Berger s’attèle à décortiquer les questions urbaines avec un intérêt marqué pour sa ville d’origine : Bruxelles

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