Analyse n°327 de Marie-Sarah Delefosse - février 2018
Cette citation de Hobbes exprime l’idée qu’à l'état de nature – qui serait un état de guerre –, l’homme représenterait une menace pour sa propre espèce, il serait l’ennemi de tous les autres. Afin de contrer sa nature, il cède une part de sa liberté naturelle à un tiers, le Léviathan, qui assurera sa protection. Ce contrat permettrait aux hommes de vivre ensemble, d’être civilisés. Si nous suivons ce postulat (soumis à de vifs débats), nous serions en plein coeur de cette ère civilisée. Or, nous constatons aujourd’hui qu’en Occident, cette époque de paix va de pair avec une individualisation de notre société. En effet, dans une société où la population n’a plus à s’inquiéter de sa sécurité ou de sa survie, où les besoins primaires de la majorité sont satisfaits, les individus chercheraient alors à combler d’autres besoins, secondaires, notamment d’estime et de réalisation de soi. Dès lors, la question n’est plus tant : l'Homme est-il mauvais par nature ? Mais tend plutôt vers l'Homme ne serait-il pas son propre ennemi ?
Ce questionnement nous éloigne du champ philosophique pour nous amener vers le domaine psychologique : le premier obstacle à l’épanouissement personnel et à la réalisation de soi ne serait-il pas l’individu lui-même ? C’est le postulat de nombreuses méthodes de développement personnel qui estiment que le premier mur à déconstruire est celui formé par les pensées ou croyances limitantes.1
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1Notons néanmoins que la majorité des méthodes de développement personnel suivront plutôt la pensée rousseauiste : l’homme est bon par nature, la société le pervertit. Dès lors, ils estiment, comme nous le verrons, que les pensées limitantes sont acquises durant l’enfance (et non innées).
Marie-Sarah Delefosse est titulaire d’un master en sciences psychologiques à orientation « organisation, travail et société ». Elle est directrice générale de Citoyenneté & Participation