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Analyse n°385 de Denis Linckens - octobre 2019
Marie-Thérèse fête ses 70 ans. À cette occasion, elle a décidé d’emmener son petit-fils en voyage au Mexique durant les vacances d’été. Nous l’avons rencontrée à son retour et elle nous a présenté une partie de son voyage. Après quelques jours d’acclimatation à Mexico, la capitale mexicaine, elle nous a dit avoir souffert d’une forte bronchite durant son séjour. À son retour, elle a directement été consulter son médecin traitant qui lui a expliqué qu’elle avait certainement mal supporté la pollution de la capitale. Avec sa chaleur humide, ces neuf millions de personnes et son trafic automobile intense, la capitale s’apparente davantage à une chambre à gaz qu’à une oasis d’air pur. Après la discussion avec son médecin, Marie-Thérèse s’est interrogée sur les causes de cette pollution. Elle a pris conscience que cette pollution de l’air était amplifiée par l’augmentation de la température. Elle s’inquiète de plus en plus pour l’avenir de son petit-fils. Elle nous a fait part de sa prise de conscience, et nous partagerons ses réflexions à travers cette publication.
Nous entendons énormément parler des conséquences du changement climatique mais celles-ci sont rarement envisagées sous l’angle sanitaire. Pourtant, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le changement climatique est la plus grande menace pour la santé du xxie siècle. 1 Marie-Thérèse nous a rappelé la mort de son amie Bernadette, lors de la canicule de 2003. Cette canicule avait tué plusieurs dizaines de milliers de personnes à travers l’Europe.
Les conséquences sanitaires des catastrophes naturelles se font ressentir dans différentes régions du monde à travers les sécheresses, les inondations, les ouragans, etc. Le réchauffement climatique ne fera qu’amplifier ces catastrophes en quantité et surtout en intensité, causant un taux élevé de mortalité, de pathologies physiques et mentales en augmentant l’insécurité alimentaire dans les pays en développement. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) conclut avec un niveau de confiance élevé que le changement climatique aura "un impact négatif important sur la disponibilité en calories par habitant, la sous-nutrition chez les enfants, en particulier le retard de croissance ; et la mortalité infantile et le nombre d’années de vie perdues, liées à la dénutrition dans les pays en développement". 2
Si le réchauffement climatique a un impact sur notre santé physique, elle n’épargne pas pour autant notre santé mentale. Avez-vous eu une crise de larmes à la lecture d’un article sur le réchauffement climatique comme nous l’a partagé Marie-Thérèse ? Avez-vous décidé de ne plus vouloir d’enfants pour cette raison ? Alors, peut-être que vous souffrez d’éco-anxiété. Aujourd’hui, de plus en plus de professionnels de la santé mentale commencent à s’y intéresser. Les études sur le sujet s'interrogent sur le ressenti des personnes dont l’environnement, qu’ils ont toujours connu, se dégrade progressivement ou brusquement en raison du changement climatique. Différents concepts sont nés de ces études pour nommer ces réalités : éco-anxiété, deuil écologique, solastalgie.
Nous allons dans les prochaines pages analyser les défis sanitaires qui nous attendent en raison de ce changement climatique.
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1 D. Bélanger, P. gosselin, r. Bustinza, C. Campagna, Changements climatiques et santé. Prévenir, soigner et s’adapter, Québec : Presse de l’Université Laval, 2019, p. 83-89.
2 Ibid.
