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La précarité énergétique

Un cercle vicieux ?

Analyse n°324 de Citoyenneté & Participation - janvier 2018


La précarité désigne un état d’incertitude qui découle d’une situation fragile pouvant basculer à tout moment. On peut être en précarité financière, en précarité de vie, en précarité énergétique…

Bien que toutes les formes de précarités soient importantes, l’objet de cette publication se concentrera sur l’accès à l’énergie, qui constitue un droit fondamental.

Cela touche beaucoup de monde et particulièrement les ménages à faible revenu pour qui le budget consacré à l’énergie augmente proportionnellement plus fortement par rapport aux autres.1

Cette situation a pour effet de provoquer des problèmes en cascade. Comme le soulignent Johan Tyszler, Cécile Bordier et Alexia Leseur, "une des premières conséquences de la précarité énergétique est de conduire un ménage à faire des arbitrages et des renoncements entre ses différents postes de dépenses :

chauffage, alimentation, santé, loisirs, etc." 2 Avec des moyens limités, il faut donc effectuer des choix dans ses dépenses.3 Cela signifie, bien souvent, se contenter d’un logement de moindre qualité – avec toutes les conséquences que cela peut engendrer sur la santé 4 –, et donc souvent énergivore, ce qui entraîne, à son tour, des factures élevées. Ces factures grèvent encore les moyens financiers, et ainsi de suite.

C’est à ce moment que l’on rentre dans ce que Bart Delbeke et Sandrine Meyer appellent "le cercle vicieux de la précarité énergétique : moins on a de moyens, moins on profite des programmes d’utilisation rationnelle de l’énergie et plus les besoins d’énergie sont élevés" 5.

Or, dès qu’un ménage consacre plus de 10 % de ses revenus aux dépenses d’énergie dans son logement, il peut être considéré en état de précarité énergétique.

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1Il importe toutefois de souligner, au regard d’une étude menée en Angleterre, que si « la pauvreté économique peut être identifiée comme l’une des principales causes de la précarité énergétique, […] elle ne peut l’expliquer à elle seule ». De fait, en Angleterre, la précarité énergétique ne touche pas que les populations les plus démunies. Et réciproquement, tous les ménages pauvres ne sont pas en situation de précarité énergétique. Il en va de même en Belgique où "plus des 43 % des ménages identifiés comme en étant en précarité énergétique ne sont pas reconnus comme “en risque de pauvreté” ». [B. Delbeke, S. Meyer, Baromètre de la précarité énergétique édition (2009-2013), Bruxelles : Fondation Roi Baudouin, Plateforme de lutte contre la précarité énergétique, 2015, p. 2, [en ligne :] https://www.kbs-frb.be/fr/Activities/Publications/2015/20151123NT1]. En conséquence, « une politique de réduction de la pauvreté monétaire ne peut garantir à elle seule une réponse adéquate à la problématique de la précarité énergétique, laquelle associe d’autres variables » telles que le « rapport au logement, [le] confort intérieur, [les] prix croissants de l’énergie ou encore [les] politiques d’aménagement urbain » J. Tyszler, C. Bordier, A. Leseur, Lutte contre la précarité énergétique : analyse des politiques en France et au Royaume-Uni, Paris : Institut de l’Economie pour le Climat (I4CE), « Étude Climat », n°41, septembre 2013, p. 9, [en ligne :] http://www.cdcclimat.com/IMG/pdf/13-09_etude_climat_lutte_contre_la_precarite_energetique.pdf.
2 J. Tyszler, C. Bordier, A. Leseur, op. cit., p. 10.
3 Une situation qui frappe particulièrement les familles monoparentales, les isolés et les ménages comportant un seul senior. B. Delbeke, S. Meyer, Baromètre de la précarité énergétique édition (2009-2013), op. cit., p. 3.
4 Risque d’exposition accru à des pathologies cardio-vasculaires, maladies respiratoires, intoxications liées à l’humidité ou à l’inhalation de polluants, maladies hivernales, etc. Sans oublier une exposition plus importante à la fatigue accrue, au stress dû au froid, avec toutes les conséquences psychologiques et sociales que cela implique en matière de vie sociale et professionnelle ou de réussite scolaire. J. Tyszler, C. Bordier, A. Leseur, op. cit., p. 10.
5 B. Delbeke, S. Meyer, Baromètre de la précarité énergétique édition (2009-2013), op. cit., p. 1.


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