Analyse n°37 de Citoyenneté & Participation - décembre 2008
Différentes enquêtes internationales aboutissent régulièrement à la même conclusion : l’enseignement, en Belgique, reste fortement marqué par de fortes inégalités. Si elles s’exercent à la base, elles ont tendance à s’accentuer au fur et à mesure du parcours d’enseignement des élèves, avec pour conséquence, une hétérogénéité des résultats. C’est ainsi qu’on considère généralement que 10 à 15 % des élèves sont déjà en grande difficulté en deuxième primaire, alors que sur cent étudiants entrant en première secondaire, seuls septante-cinq sortiront avec un diplôme du secondaire supérieur après huit ans1. Ces caractéristiques sont fréquemment mises en lumière par nombre de pédagogues.
De même, des économistes pointent le coût relativement élevé de notre système éducatif. Ainsi, Robert Deschamps défend-il la thèse suivante : l’enseignement francophone reçoit trop de financement pour des résultats trop peu satisfaisants. "Les dépenses consenties pour l’enseignement par rapport au produit intérieur brut (PIB) sont les plus élevées du monde, à l’exception du Danemark […]. Pourtant, l’enseignement en Belgique francophone, preste mal dans toutes les comparaisons. Les moyens sont mal employés et les réseaux et écoles préfèrent continuer à jouer sur leur propre petit terrain protégé plutôt que de collaborer."2
Une inégalité des résultats se combine à une inégalité des chances au départ. On assiste ainsi, en Belgique, à des établissements "forts" et des établissements "faibles" brassant des publics différents. Ce qui est mis en cause dans les enquêtes internationales est bien plus l’écart entre les résultats des élèves que les performances elles-mêmes. Les différences entre élèves sont, en fait, "en grande partie dues à des facteurs socio-économiques et culturels. Les écoles les moins bien classées accueillent surtout des élèves de milieux défavorisés. Les meilleures écoles, elles, attirent principalement des élèves issus de milieux sociaux nettement plus favorisés"3.
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1 Dominique Lafontaine, Cahiers du Service de pédagogie expérimentale, Liège, Université de Liège, 2003, p. 12.
2 Robert Deschamps, in Alain Mouton, Trends, 22 juin 2006.
3 Le risque de tomber dans la pauvreté est-il plus élevé chez les personnes peu qualifiées ? [en ligne]. Bruxelles : Service de lutte contre la pauvreté, la précarité et l’exclusion sociale [réf. du 2008-12-04]. Disponible sur Internet : http://www.luttepauvrete.be/chiffres_enseignement.htm.