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Mettre en œuvre le "stop au béton"

Il y a urgence !

Analyse n°449 de Joachim Dupont - février 2022


En 2018, la 343e analyse du CPCP s’attardait au « stop au béton » et sa philosophie 1. Elle faisait suite à l’effet d’annonce d’arrêter toute nouvelle bétonisation en Wallonie d’ici 2050. Alors, pourquoi réécrire sur le sujet ? Parce que si le gouvernement wallon s’est engagé dans sa déclaration de politique régionale (DPR) à limiter de moitié son rythme d’artificialisation d’ici 2030 et à stopper toute nouvelle artificialisation 2 pour 2050, pas grand-chose n’a été mis concrètement en place. Le besoin de mettre en pratique une politique de "stop au béton" est pourtant de plus en plus criant. Les inondations ayant frappé violemment la Belgique ont sonné comme un nouveau cri d’alarme pour une stratégie de gestion durable du territoire limitant l’artificialisation.
Mais, que désigne le terme "artificialisation" des sols ? Il désigne le processus de transformation du sol passant d’un état "naturel" à "urbanisé" (habitations, entreprises, surfaces commerciales…). Ce phénomène est généralement peu réversible, car une fois artificialisé, il est rare qu’un terrain retourne à son état naturel. L’imperméabilisation des sols, notion proche de l’artificialisation, désigne le fait que "les matériaux utilisés pour recouvrir les bâtiments, voiries, cours, terrasses, etc. influencent la capacité des sols à absorber l’eau de ruissellement" 3.
Entre 2010 et 2015, 12km² de terres ont été artificialisés chaque année en Wallonie, soit l’équivalent de trois terrains de football par jour 4. On observe cependant une tendance naturelle à la baisse de cette artificialisation. En effet, la Wallonie enregistrait ses records entre les années 1980 et 1990 où 18km² de terres étaient artificialisés par année. À l’échelle nationale, le taux global de terres artificialisées était de 11,4% en 2015 5. Il nous place à la troisième marche du podium peu glorieux des pays européens les plus artificialisés, derrière Malte et les Pays-Bas.
Nous verrons dans cette analyse que notre haut taux d’artificialisation n’est pas dû au hasard. Il découle de choix politiques et de préférences culturelles qui ont favorisé un certain étalement urbain. Or, cette manière d’occuper l’espace montre, aujourd’hui, plus que jamais, ses limites. L’imperméabilisation des sols empêche l’absorption d’eau lors des épisodes d’inondations, l’absence d’espaces verts en ville rend les canicules plus difficilement supportables et l’étalement urbain oblige de facto un recours massif à l’automobile. La cause de ces problèmes est une gestion non parcimonieuse du territoire qui a trop longtemps été considéré comme un bien abondant pouvant être bétonné à souhait.
Pourtant, les incitants limitant l’artificialisation des sols ne manquent pas : une fiscalité récompensant les bonnes pratiques, une réduction de la manne de terrains situés en zone urbanisable, une densification des territoires déjà urbanisés, un appui aux citoyens qui développent des solutions innovantes, etc. Nous nous arrêterons sur un éventail de mesures pouvant être mobilisées, en portant un œil particulier sur celles impliquant la participation des citoyens.

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1 BERGER N, Le "stop au béton". Vers une Belgique plus compacte ?, Bruxelles : CPCP, Analyse n°343, octobre 2018, [en ligne :] http://www.cpcp.be/publications/stop-beton/, consulté le 2 août 2021.
2 De nouvelles artificialisations restent possibles mais celles-ci devront être assorties de compensations à hauteur du dégât occasionné.
3 GODART M-F., RUELLE C. (sous la direction de), Réduisons l’artificialisation des sols en Wallonie. Une information – Un projet de territoire – Des mesures applicables, s.l. : Conférence Permanente du Développement Territorial, 2019, 86 p. [en ligne :] https://cpdt.wallonie.be/publications/hors-series/hors-series-2, consulté le 2 août 2021.
4 Ibid., p. 13.
5 Enquête européenne Lucas, s.d : eurostat, 2015, s.d, [en ligne :] https://www.insee.fr/fr/statistiques/3281689?sommaire=3281778#consulter, consulté le 2 août 2021.


Joachim Dupont est diplômé d’un master interuniversitaire en Transitions et Innovations Sociales. Il est formateur au sein du parcours de formation à l’intégration citoyenne (FIC) et chercheur pour la thématique Lieux de vie & Espace public du CPCP.

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