Analyse n°386 de Solène Houzé - octobre 2019
Le tourisme est en plein essor. De 50 millions d’arrivées touristiques 1 en 1950, le nombre a bondi à 800 millions un demi-siècle plus tard pour franchir le cap du milliard en 2012. En 2017, le baromètre de l’Organisation mondiale du tourisme annonçait plus d’1,3 milliards d’arrivées touristiques. 2 Et pour 2030, les prévisions se chiffrent à 1,8 milliards d’arrivées. Le tourisme représente un poids important dans le développement économique et territorial de certains pays.
En presque 70 ans de développement, ce secteur a su évoluer, s’adapter aux nouvelles attentes des touristes et, plus largement, de la société. Les séjours touristiques types, s’ils en existent encore, ne sont donc plus les mêmes que pour les générations précédentes. Le développement des transports, des infrastructures et des modes de voyage ont permis la naissance d’une grande diversité de formes de tourisme, tantôt plébiscitées, tantôt critiquées. En effet, le tourisme implique une consommation, parfois forte, de biens, de services et de ressources. L’ensemble du secteur (hébergement, transport, alimentation et achat des voyageurs) représenterait 8 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. 3 De plus, il serait responsable de la dégradation de sites naturels, de la perte de biodiversité, d’une surexploitation de certains territoires et de certaines ressources naturelles, de pollution via un rejet important de déchets, etc. Des bouleversements sociaux et économiques dus à la surexploitation de sites touristiques sont également dénoncés. Face à ces constats, de nombreux acteurs du tourisme se tournent vers des valeurs issues du concept de durabilité. Les attentes des consommateurs dans plusieurs domaines et le besoin urgent de transition durable orientent le secteur vers le développement durable. Ce sujet sera développé en deux analyses.
La première tient à replacer l’évolution du tourisme durable dans le contexte dans lequel se développe le secteur touristique. Il tient également à analyser les différents enjeux auxquels fait face le secteur en s’orientant vers plus de durabilité. L’analyse suivante cherchera à étudier les diverses formes de tourisme durable, et comment elles s’articulent dans les différentes dimensions de la durabilité (sociale, économique et environnementale).
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1 Un touriste international est une personne étrangère à un pays passant au moins une nuit (ou 24h selon les définitions) dans celui-ci. Ce chiffre ne prend donc pas en compte le tourisme intérieur. De plus, on parle bien d’arrivées et non de personnes individuelles ayant voyagé une fois chacune.
2 Données issues de la banque de données de la Banque mondiale (https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/st.int.arvl?end=2017&start=1995&view=chart) d’après l’annuaire des statistiques et les fichiers de données de l’Organisation mondiale sur le tourisme.
2 P. Le Hir, "Le tourisme fait s’envoler le réchauffement planétaire", LeMonde.fr, 7 mai 2018, [en ligne :] https://www.lemonde.fr/climat/article/2018/05/07/le-tourisme-fait-s-envoler-le-rechauffement-planetaire_5295656_1652612.html, consulté le 5 février 2019.
Solène Houzé est chercheuse au CPCP. Elle est titulaire d’un master en agroécologie.