Analyse n°263 de Anne-Catherine Remacle - juin 2016
Les vélos sont de plus en plus visibles dans nos villes et campagnes. 1 Que ce soit le temps d’une balade ou comme moyen de transport, le vélo commencerait-il son grand retour ? Mais que le chemin fut long pour arriver à ce renouveau.
Avant la Deuxième Guerre mondiale, la voiture était synonyme d’appartenance sociale.2 Dès les années 1950, les pays les plus industrialisés vont s’inscrire dans la consommation de masse de l’automobile. Dans cette logique, l’urbanisme de nos villes s’est aussi calqué sur ce moyen de locomotion, donnant donc priorité à la voiture pour tous les déplacements.3
Aujourd’hui, la dure reconversion commence : face à un espace englouti par la voiture et ses embouteillages, les transports alternatifs doivent se faire une place. En plus d’affecter la qualité de l’air, la voiture ne fait plus gagner de temps dans les zones urbaines. Malgré l’insistance des lobbies automobiles, une nouvelle ère pour la mobilité se profile petit à petit, soutenue par le principe d’intermodalité, c’est-à-dire l’usage de plusieurs modes de transports différents pour se rendre d’un point A à un point B. Le vélo recèle de nombreux atout pour devenir un maillon important de cette chaîne intermodale.
L’usage du vélo, en plus de faire gagner du temps dans nos villes embouteillées, produit d’indéniables effets positif sur l’environnement. L’intérêt de ce renouveau pour la mobilité se trouve notamment dans sa logique de cohérence avec le développement durable compris classiquement comme "la satisfaction des besoins d’aujourd’hui sans hypothéquer l’avenir des générations futures"4, d’où la nouvelle appellation de mobilité durable.
Cette nouvelle mobilité est tout doucement active dans les zones urbaines mais aussi rurales. On peut remarquer la création depuis quelques années de nouvelles structures pratiques au niveau des transports en commun mais aussi doux (marche et vélo). Un changement indéniable commence à s’opérer : phénomène de mode ou conscience d’une nécessité ?
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1 Comme en témoignent les ventes en hausse continue de ventes de vélos neufs (+3,2 % en 2015). Voir à ce sujet « Le nombre de vélos vendus en Belgique ne cesse d’augmenter», BelgianCycling.be, 11 janvier 2016, http://www.belgiancycling.be/news.asp?language=fr&id=1857, consulté le 11 mai 2016.
2 Historiquement, la voiture a toujours été porteuse d’une forte charge symbolique : symbole d’appartenance sociale avant la Deuxième Guerre mondiale, elle devient symbole de réussite sociale après-Guerre puis de liberté à partir des années 1970.
3 M. Hubert, « L’Expo 58 et le ‘tout à l’automobile’. Quel avenir pour les grandes infrastructures routières urbaines à Bruxelles ? », Brussels Studies, n°22, 2008, http://www.brusselsstudies.be.
4 Commission mondiale sur l’environnement et le développement (Commission Brundtland), citée par B. Morvan, « Le développement durable : une utopie politiquement correcte », Quaderni, 41, n° spécial « Utopie II : les territoires de l’utopie », 2000. p. 93.
Sociologue spécialisée dans l’analyse des espaces de vie et urbain, Anne-Catherine Remacle oriente ses recherches sur les questions de développement durable/transition écologique et urbaines.