Étude n°28 de Marine Goethals - mai 2019
Occultés jadis, les troubles de l’apprentissage sont devenus un véritable problème de société. En témoignent une visibilité accrue de ceux-ci ainsi qu’une reconnaissance de la nécessité d’une prise en charge adaptée des élèves souffrant de troubles DYS à l’école. D’ailleurs, l’éducation inclusive, qui vise à permettre à tous les élèves de suivre une scolarité classique, est aujourd’hui l’objectif à atteindre en Fédération Wallonie-Bruxelles. Certains disent qu’il s’agit d’une mode et en veulent pour preuve le nombre toujours plus important de "dyslexiques". Le nombre de personnes diagnostiquées est de fait plus important qu’auparavant. Notons cependant que le nombre de sujets DYS demeure, lui, constant. De plus, il faut distinguer le trouble d’apprentissage de la simple difficulté d’apprentissage. Les troubles d’apprentissage sont dus à une anomalie cérébrale et sont, par conséquent, persistants et permanents. Les difficultés d’apprentissage, quant à elles, constituent des obstacles à l’apprentissage qui sont temporaires et qui sont en lien avec des situations particulières.
Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le trouble d’apprentissage relève d’une anomalie cérébrale. Il perturbe et entrave l’acquisition, la compréhension, l’utilisation et le traitement de l’information. Ces troubles touchent une part importante de la population. Les chiffres varient d’une étude à l’autre selon les critères pris en compte. Citons néanmoins ceux de l’OMS : 8 à 10 % de la population serait touchée. Il ne s’agit donc pas d’un phénomène marginal. L’OMS décrit les troubles de l’apprentissage dans la classification internationale des maladies (CIM). Pourtant, ils ne peuvent pas être considérés comme des maladies puisqu’il est impossible d’en guérir. Les sujets apprennent à développer des stratégies de compensation qui permettront d’améliorer les performances. Ainsi, les effets des troubles DYS peuvent disparaître, mais pas les troubles eux-mêmes. D’ailleurs, grâce à ces moyens de compensation spontanés, un certain nombre de jeunes ne sont jamais ou tardivement diagnostiqués.
Les troubles de l’apprentissage sont présents depuis la naissance et deviennent "visibles" dès lors qu’il y a apprentissage. Notons qu’il ne s’agit pas de troubles de l’apprentissage quand l’origine des difficultés ne relève pas :
Il est essentiel d’écarter tous ces éléments pour avoir une perception juste du trouble de l’apprentissage. En effet, un enfant ou un adolescent DYS peut aussi présenter des troubles psychologiques mais ceux-ci n’expliquent pas une lecture lente et saccadée par exemple.
Auparavant, le mot "dyslexie" désignait l’ensemble des troubles de l’apprentissage et c’est toujours le cas aujourd’hui dans le langage courant. Au fil des recherches, les connaissances se sont affinées et d’autres mots ont été créés afin de rendre compte des symptômes observés : dyscalculie, dysorthographie, dyspraxie, dysgraphie, dysphasie. À présent, pour qualifier les personnes qui souffrent d’un trouble de l’apprentissage quel qu’il soit, on utilise le vocable DYS parce que dyslexie désigne uniquement les troubles spécifiques de la lecture. Dans un contexte d’hétérogénéité croissante de la population scolaire, les troubles de l’apprentissage sont aujourd’hui contenus dans l’appellation "besoins spécifiques" qui regroupe toutes les particularités observées chez les apprenants comme le bégaiement, le daltonisme, les handicaps physiques ou mentaux, le syndrome d’Asperger, le haut potentiel, ou encore les élèves dont le français n’est pas la langue maternelle. Le terme besoins spécifiques permet une conception plus large de ce qui peut perturber la scolarité des élèves.
Par ailleurs, une série d’atouts, tels que la vision en trois dimensions, une certaine aisance à l’oral ou encore la créativité, accompagnent généralement les troubles DYS. Trop souvent, seules les difficultés sont mises en avant. La connaissance des atouts permet aux élèves DYS d’avoir une meilleure image d’eux mêmes et ouvre une réflexion à propos des compétences valorisées par l’école.
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Marine Goethals est chargée de recherches au CPCP et titulaire d’un bachelier en langues et littératures romanes ainsi que d’un master en didactique du français langue maternelle.