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Web 2.0

Dualisation ou fin de l'information ?

Étude n°4 de Citoyenneté & Participation - octobre 2009


La classification habituelle du Web en Web 1.0, 2.0 et 3.0 ne s’impose pas toujours.
On pourrait tout simplement dire Internet, la Toile, le Net ou encore le "WWW 1", en lieu et place du Web 2. Mais on ne perdra pas de vue que le Web est une des fonctionnalités essentielles d’Internet. Il en existe bien d’autres telles que la messagerie instantanée, Usenet, le courrier électronique, etc.

Le succès fulgurant d’Internet constitue les jalons d’une nouvelle vague hightech, dite parfois abusivement le "Web 2.0". En effet, la continuité technologique ou sémantique avec les versions antérieures est évidente. En l’occurrence, pour Mary Hodder, directrice de Dabble, site de partage de vidéos, une qualification plus judicieuse du phénomène serait : le "Living Web" ou la Toile Vivante. En fait, c’est l’avènement du Web social, participatif et/ou collaboratif. Diverses interfaces permettent ainsi de booster massivement les interactions des utilisateurs, non seulement entre eux, mais aussi avec le contenu et la structure des pages.

En clair, les internautes reprennent la main. De nouvelles applications foisonnent désormais sur le Net et sont continuellement échangées. Aussi, dans la foulée, le Finlandais, Linus Torvalds, est-il devenu le protagoniste du noyau linux, archétype du logiciel libre, dit aussi « Open Source ». Désireux, en effet, de concevoir un système d’exploitation pour l’ordinateur qu’il venait de se payer, il fit appel à d’autres personnes pour l’essayer et lui soumettre d’éventuelles améliorations.
Ce qui rend, donc, la Toile Vivante, c’est tout simplement nous, les utilisateurs. Les blogs 3, les sites de réseaux sociaux ou encore les Wiki 4 ont le vent en poupe. Une nouvelle génération de sites, dont le fonctionnement est fondé sur la participation des internautes, chamboule nos schémas conceptuels et notre langage 5. Grâce à nous, Internet a remplacé les annuaires téléphoniques. Il est devenu la principale source d’information. Il accroît la visibilité de ceux qui créent leur propre média. Selon Tim O’Reilly, qui a le plus popularisé le terme de Web 2.0, le concept de base revient essentiellement à utiliser l’intelligence collective et/ou participative. D’où, la suivante adéquation pour décrire la nouvelle culture de la participation en ligne : on dira tout simplement Internet au lieu d’invoquer le Web 2.0.

Plus techniquement, la conjonction historique de la numérisation généralisée de l’information et de sa mise en réseau, via Internet, s’amplifie très largement. La société de l’information s’érige désormais en un paradigme sociétal nouveau. Il est devenu un élément structurant de la vie économique, le fil conducteur de la vie de "l’homo numericus". La révolution numérique travaille donc, en profondeur, la culture. Elle détermine la manière dont elle se construit, elle se transmet, se finance et se vend.

À en croire James Surowiecki, auteur du livre The Wisdom of Crowds 6, le Net est structurellement compatible avec la sagesse des foules. Et, la plupart des blogueurs pourraient remplacer les meilleurs journalistes ! En effet, la plupart de ces sites sociaux 7 fonctionnent quasi exclusivement sur le principe du self-service, animé par les utilisateurs eux-mêmes. Le webmaster n’interfère, en conséquence, d’aucune manière dans l’arborescence du site. Une profusion d’applicatifs dits "tissus connectifs" rendent possible un tel algorithme d’autogestion. Par exemple, les moteurs de recherche tels que Google ou encore la plupart des sites d’information proposent les systèmes de classement des articles "les plus appréciés" ou "les plus consultés" au rythme des clics qu’ils recueillent. Et ce, "au risque de voir les culottes de Mlle Paris Hilton retenir plus d’attention d’une majorité d’internautes que la réforme de la Sécurité sociale 8".

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1 En 1989, Tim Berners-Lee inventa le «World Wide Web», « www », en sigle. Il réussit ainsi à mettre en oeuvre un puissant outil de collaboration accessible au grand public, à savoir le principe d’hypertexte. Plus techniquement, ce dernier assure la compatibilité des différentes technologies de la Toile, à savoir : html, xml, xhtml, etc.
2 À ce propos, voir : Basile Mpoto, « Ces nouvelles technologies Internet qui font jaser : le Web 2.0 », Cpcp, 2008.
3 Blog ou média personnel de discussion.
4 Wiki est l’acronyme de Wikipédia. Par extension, le terme désigne l’ensemble de ces contributeurs.
5 Le terme « unfriend », issu des réseaux sociaux, vient d’être consacré comme mot de l’année par le dictionnaire Oxford. Ce qui est révélateur de l’influence des nouvelles technologies sur le langage. Et, à chaque fois qu’une technologie fait son apparition, le langage commun l’assimile et lui trouve un mot pour la désigner. Dans les années 1970, par exemple, on a longtemps appelé « transistor » les postes radios transportables. Métonymie oblige, il s’est agi initialement d’un terme technique pour désigner un élément de l’appareil, mais qui a fini par nommer l’ensemble. Pour une telle traduction, la simplicité demeure en principe un critère important, plus peut-être que l’exactitude du terme.
6 James Surowiecki, « The Wisdom of Crowds ». New York, Anchor Books, 2005.
7 Un exemple de ces sites sociaux, dont le contenu est apporté par les utilisateurs (« user-generated content »), est incarné par le site Craigslist. Cf. www.craigslists.org
8 Bernard Poulet, « La fin des journaux et l’avenir de l’information ». Paris, Gallimard, 2009, p. 138.


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