Analyse n°348 de Adeline de Wilde - novembre 2018
Zéro déchet. Une expression radicale, quasi institutionnalisée et de plus en plus populaire. Plus qu’une expression même, le "zéro déchet" (en anglais zero waste) a pris la forme, ces dernières années, de mouvements spontanés émergeant aux quatre coins du globe. Il peut s’agir d’entreprises, de démarches individuelles et citoyennes ou de politiques. Quel que soit l’aspect qu’ils revêtent, ces mouvements revendiquent le même objectif : ne plus produire de déchets. Ou du moins les minimiser, car l’objectif zéro est vraisemblablement inatteignable.
Depuis les années 2010, le mouvement zéro déchet a pris de l’ampleur. Les gens se sont approprié la formule, qu’on retrouve par exemple matraquée sur Instagram près de deux millions de fois (avec le #zerowaste et le #zerodechet). La question se pose toutefois de savoir si cette amplification du phénomène est liée à une réelle prise de conscience de la crise environnementale ou si elle se situe du côté du buzz, à la manière du hand spinner et de Pokémon Go. L’enthousiasme associé à la tendance minimaliste et écoresponsable du zéro déchet est-il durable ? Le zéro déchet n’est-il qu’un "mouvement de bobos en transition" ?1
Pour répondre à ces questions, il va falloir plonger dans les annales du zéro déchet, pour comprendre ce qui a permis à un tel mouvement de s’étendre jusqu’à ce qu’il est devenu aujourd’hui. On s’intéressera aux acteurs principaux qui ont favorisé la popularisation du phénomène et aux actions qui se sont multipliées, tout en faisant un parallèle avec la prise de conscience collective du réchauffement climatique et de l’urgence d’agir.
Il s’agira de repérer dans cet aperçu historique de la première entreprise zéro impact jusqu’à l’avènement de la grande prêtresse du zéro déchet les différents indices de durabilité du mouvement. Ces indices nous permettront de déterminer si derrière le buzz Instagram des bocaux de verre et de l’atmosphère minimaliste se cache un simple effet de mode ou un véritable art de vivre. On évaluera ensuite la pérennité du mouvement en se penchant sur les résultats d’un mode de vie zéro déchet.
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1 Propos recueillis lors d’un échange informel entre collaborateurs du CPCP, 18 octobre 2018.
Adeline de Wilde est chercheuse au CPCP et membre du collectif z’Héros déchets.